Carnet de route

PIC DE TENNEVERGE
Le 07/08/2016 par BRONDEX Jean-Claude
Cette montagne se dresse aux confins de la vallée du Giffre, la surplombant de plus de 2000 m. Du cirque du Fer à cheval, c’est la redoutable voie française par le pas Noir.
Nous aborderons la pyramide sommitale depuis la Suisse par Emosson., voie plus abordable puisque l’itinéraire débute à 1960 m.
Le topo guide de Pierre MILLON, classe le Pic de Tenneverge à la fin de son inventaire avec un summum de difficultés. Par la Suisse, l’engagement est plus réduit, il n’en reste pas moins, je cite Pierre MILLION que « la dernière heure d’ascension comporte l’escalade de dalles caillouteuses fortement exposées sans la moindre aspérité pour effectuer des relais pour l’assurance ».
Plusieurs fois mis au programme et autant de fois annulé pour conditions météo (pluie les jours précédents, mauvais temps ….)
Cette année les conditions nous semblent bonnes avec du grand beau temps. Toutefois une petite source d’inquiétude, le printemps très froid a laissé dans de nombreux endroits de moyenne montagne des accumulations de neige.
Sommet présenté redoutable et pourtant à ma grande surprise, six valeureux Cafistes (Laétitia, Marie-Claude, Antoine, Olivier, Benoît et Guillaume) ont décidé de m’accompagner.
Nous l’avons joué version « cool » en prenant la première navette à 9h45 qui nous déposera peu après le Nant de Drance issu du Vieil Emosson et nous épargnera plus de deux heures de marche (les travaux obligeant à monter d’abord au Vieil Emosson et de redescendre).
Au départ du barrage d’Emosson, le lac couleur émeraude et un splendide panorama.La télévision a relayé dernièrement dans le monde entier ces belles vues à l’occasion du Tour de France.
Après avoir quitté la navette, nous ne verrons plus personne jusqu’à notre retour. C’est le cirque de la solitude. Pardon, personne hormis quelques chamois.
Le parcours pour accéder au Col du Tenneverge, (altitude 2500 m) emprunte un sentier montant et descendant tout en longeant le lac. Puis le chemin se redresse, traversée de nant, on met les mains, remontée du petit glacier de la Finive, sente à travers herbage et cailloux pour rejoindre le lieu-dit Vers l’Homme et enfin traversée en dévers dans la neige pour rejoindre le col.
Il nous a fallu plus de 2H30 pour faire 650 m de dénivellé.
Le sommet est là devant nous avec sa face rocheuse et ses nombreux éboulis.
Depuis le barrage d’Emosson, nous n’avons eu cesse de scruter le passage des vires, d’examiner les derniers névés restants accrochés et les impressionnantes corniches de neige surplomblant le passage des vires.
Casse-croûte au Col de Tenneverge, discussions, interrogations, nous savons qu’il sera difficile de passer en sécurité.
Deux membres du groupe feront Les Taureaux, petit sommet en face du Tenneverge.
Les cinq autres continuent leur progression remontant cône d’éboulis, parties rocheuses, névés et dalles pour rejoindre le niveau des vires à l’altitude 2780-2800 m.
Deux d’entre nous feront une partie de la traversée, la première partie de la vire basse est plutôt spacieuse bien qu’exposée, ruisselante par la fonte des névés. Puis il ne reste qu’un semblant de vire comblée par la roche délitée. Les névés au-dessus, les grosses corniches au fond, la face abrupte et vertigineuse en aval, il est sage d’arrêter la progression.
Point de regret, une belle journée passée avec un groupe agréable ; un coin de montagne sauvage avec un parcours varié, esthétique et peu fréquenté ; un régal pour les yeux avec une vue éblouissante sur les sommets du Mont-Blanc et des Alpes suisses et ce magnifique lac d’Emosson avec au fond ces sommets très minéral (Tour sallière, Ruan, Tenneverge…)
Peut-être reviendrons-nous au cours d’un automne prochain alors que la neige aura fondu et muni d’un piolet pioche pour dégager à minima la dernière partie des vires.